J'étais apaisée. J'avais couru dix minutes et je me sentais déjà mieux. Comme si l'oxygène pur de la forêt m'avait rincée intérieurement. Je décidais de m'accorder une petite pause, juste pour célébrer cela. Je n'avais pas pris le temps de courir depuis plusieurs jours et je me félicitais d'avoir en plus eu l'idée de m'immerger dans la forêt. Je m'assis sur un rocher, attrapais ma bouteille d'eau, jusqu'alors coincée dans ma ceinture, et en avalait de longues gorgées tout en levant les yeux vers les feuillages. Les ramures grinçaient mollement et le soleil perçait délicatement en rayon d'or entre l'émeraude des feuilles. Tout sentait bon. Tout était vivant. Du champs des oiseaux au bruit de la petite rivière qui passait non loin mais que je ne pouvais voir d'ici. J'étais surtout contente, car je me sentais légère, et cela n'arrivait pas souvent. Le sport et l'air frais avaient un bon effet sur moi, ils m'apaisaient et me faisaient oublier ma tristesse. Celle qui ne me quittait jamais vraiment, même quand je faisais dignement semblant d'aller hyper bien.

Je me relevais au bout d'un instant, prise de vertiges d'avoir trop respiré, à plein poumon. Et je repris ma course essayant de rester sur le sentier. Tout était vert, l'air filtré par les arbres, le sol moussu. Et j'aimais ça énormément.

Soudain, je devais être trop perdue dans mes pensées ou à contempler ce qui m'entourais, je percutais quelque chose, un rocher ? Je l'ignorais. Mais le résultat fut que je m'effondrais pas terre de tout mon long. Une douleur terrible dans une de mes chevilles m'apprit que je m'étais en plus fait mal durant ma chute.
Je me recroquevillais un instant, sans oser plus bouger, tellement la douleur était intense sur le coup. Je me mordis la lèvre jusqu'à ça passe suffisamment. Ensuite de quoi, je m'assis lentement sur mes fesses et repris mon souffle. Je n'osais pas regarder ma cheville. J'avais gardé la jambe abîmée allongée. Je n'osais pas bouger pour ne pas réveiller la douleur. Quelle idiote... J'étais si heureuse et il fallait que je me rétame. C'était tout moi. Je souris un instant de ma stupidité, désabusée.

Courir, voilà tout ce que Peter avait trouvé pour oublier ! Oublier cette fille qu'il avait aperçue un peu plus tôt dans la journée. Ce n'était pas une touriste mais une nouvelle habitante à Covergroove et ce qui s'était passé pour le vampire n'allait pas arranger les choses. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'il venait de découvrir qu'il avait une tua cantate dont l'odeur avait été si forte qu'il a presque failli démolir l'une des portières de la voiture de police de son père. Du coup, pour se changer les idées, il était parti courir ... mais aussi chasser le gibier pour calmer sa soif qui lui brûlait la gorge. Il était d'ailleurs parti en vitesse (mais vitesse humaine tout de même) pour éviter de sauter à la gorge de son père ou d'un de ses collègues. Ah oui, j'ai oublié de vous dire qu'il venait de sortir du poste de police lorsque c'était arrivé. Il avait finalement trouvé un renard qui fit l'affaire. Il s'était arrêté un instant mais soudain, il sentit à nouveau son odeur. Elle n'était pas loin. Il se tint à un arbre, voulant résister à l'envie d'aller la rejoindre et de faire peut-être une bêtise. Jamais de toute sa vie, il n'avait ressenti ça ! Tout à coup, il entendit un bruit de chute et un petit cri de douleur. Peter huma l'air. Non, pas d'odeur de sang mais elle s'était peut-être blessée.

Il se remit à courir mais cette fois-ci, il la chercha. Elle avait peut-être besoin d'aide. Et dire qu'il était parti dans la forêt pour sortir son odeur de la tête et il tombe finalement sur elle. Lorsqu'il arriva sur place, il découvrit la jeune fille par terre, presque recroquevillée sur elle-même, la jambe tendue. Il l'observa un instant. Outre le fait que son sang l'attirait, il devait bien admettre qu'elle était assez jolie. Rha ! Charlie va être déçue ! Ils ne pourront plus profiter de bons moments sous la couette ! Sans s'en rendre compte, Peter commençait à se sentir attiré d'une autre façon par la jeune fille.

- Est-ce que ça va ?

Il s'était rapproché pour signaler sa présence.

La douleur commençait à s'estomper vaguement. J'en profitais pour réfléchir à la situation... J'étais loin de chez moi, et je n'avais franchement pas hâte d'avoir tout le chemin inverse à faire dans cet état. Allais-je seulement savoir marcher ? Je me voyais mal traverser la forêt à cloche pied. J'en étais là de mes tergiversations lorsqu'un jeune homme s'approcha de moi restant toutefois à distance. Comme s'il n'osait pas venir trop près.
Il avait la peau blanche, était mince mais d'une minceur tonique et musclée. À vrai dire il était même très craquant, c'était la première impression qu'il donnait. Mais il était jeune. En tout cas plus que moi de toute évidence...
La seconde chose qui émanait de lui, était une impression de puissance. Comme s'il n'était pas tout à fait comme les autres. C'était peut-être la raison pour laquelle je trouvais un garçon mineur aussi attirant. En tout cas, c'était la meilleure excuse que j'avais en réserve.
Je m'efforçais de lui sourire d'un air sympathique.

-Ça va merci. Enfin je crois, je faisais mon jogging et, je suis tellement maladroite... j'ai du me prendre le pied dans une branche. Je crois que je me suis foulée la cheville.

Je terminais de parler en observant cette dernière qui commençait légèrement à gonfler, ce qui était de mauvaise augure.

Peter restait cependant à bonne distance de la jeune fille. Ça serait bête qu'il ait un accident. En plus, avec une fille qui semble être née pour lui. C'était la première fois pour le vampire qu'il rencontrait un tel phénomène. Il ne pensait pas que ça pouvait être réel. Comment Stephenie Meyers avait-elle pu connaître ça alors que ce n'était qu'une humaine qui vivait une vie ordinaire ? A moins qu'elle n'était pas ordinaire mais sans le savoir vraiment. Une médium peut-être ! Après tout, c'était tout de même à la base d'un rêve qu'elle avait fait que l'idée des livres « Twilight » lui ait venue ! Mais revenons à l'humaine. Celle-ci souriait malgré tout et tenta d'avoir un air sympathique mais Peter la trouva déjà sympathique bien qu'il se retenait de vouloir la bouffer. Comment pouvait-on avoir envie de vider de tout son sang son âme-sœur ? Il y a qu'aux vampires que ça arrive ces trucs-là !

Eléana : -Ça va merci. Enfin je crois, je faisais mon jogging et, je suis tellement maladroite... j'ai du me prendre le pied dans une branche. Je crois que je me suis foulée la cheville.

Il rit intérieurement à la mention qu'elle était tellement maladroite. Il ne manquait qu'ils fassent un remake de « Twilight » justement ! Sauf que dans l'histoire, le vampire était végétarien et vivait avec un clan de vampires végétariens en plus de ne pas aimer un modificateur. Peter, c'était tout le contraire. Il était plutôt indécis niveau régime alimentaire, vivait dans une famille d'humains et son meilleur ami était un modificateur. Il trouva d'ailleurs qu'elle avait un petit accent italien. Une italienne ? Il sourit. Cela faisait longtemps en fait qu'il n'était pas retourner dans son pays natal. Surtout dans sa ville natale mais à cause du clan italien justement, il préférait éviter Volterra comme la peste. Il remarqua que le pieds de la jeune fille commençait à gonfler. Oui, elle s'était bien foulée la cheville et peut-être même plus que ça. Finalement, il prit le risque de s'approcher plus prés. Ah son odeur qui commençait un peu à lui rebrûler la gorge mais il résista.

- Je peux regarder ? Ma mère est médecin, elle m'a un peu appris quelques trucs dans l'art de voir l'état d'une plaie ou d'une foulure.

Il se mit à genoux pour mieux observer la jambe et la cheville.

Après que j’eus fini de parler, le jeune homme s'approcha, il paraissait s'intéresser réellement à mon état, ce qui me surprenait un peu. Les gens, et les jeunes la plupart du temps, ne pensaient qu'à leur pomme. Mais en même temps, cette ville n'était pas très grande, tout le monde se connaissait et l'ambiance était peut-être donc un peu plus à l'entraide et au respect qu'ailleurs. De plus, il avait l'air mâture dans sa façon de parler lorsqu'il me proposa de regarder.

-D'accord, répondis-je, c'est vraiment gentil.

Tandis qu'il se mettait à genoux pour contempler les dégâts, je lissais d'un geste ma queue de cheval, une habitude que j'avais quand j'étais mal à l'aise, je la laissais retomber ensuite sur mon épaule.

-Je m'appelle Eléana et toi ?

Je ne savais pas quoi penser, d'une part j'avais honte de rencontrer ce beau jeune homme dans ces circonstances : je me serais bien passée qu'il me surprenne à terre. Surtout, qu'assez sportive naturellement, ma maladresse n'était due qu'au flux inextinguible de mes pensées. Mais d'autre part, je pouvais m'estimais heureuse de rencontrer quelqu'un qui allait peut-être m'aider. La forêt était si grande et il avait l'air si sympa, que ça me semblait même tenir du prodige.